Alexis Choplain

Une installation simple dans une rivière, ou plutôt par dessus une rivière. La base du projet tournera autour de la chorégraphie aquatique en version in-situ, à laquelle s’ajoutera sans doute d’autres éléments, en fonction du lieu choisi. Elle nécessite quelques cordes, une membrane de haut-parleur, une pompe, un tuyau, un synthétiseur, un stroboscope sur mesure et quelques parpaings. Le dispositif est suspendu au dessus de la rivière grâce aux arbres sur les berges. La pompes est quant à elle placée dans l’eau, et l’achemine jusqu’au haut parleur pour entrer en vibration durant sa chute. Le flux d’eau se met en mouvement par un agencement de fréquences entre son et lumière : il s’immobilise dans l’espace, adopte des comportements étranges, danse dans la nuit avant de se rendre naturellement à la rivière. C’est en quelque sorte une fontaine dont l’infrastructure aurait été effacée au profit d’une structure sauvage. J’aimerai que ce dispositif prenne la forme d’une anomalie, un point lumineux dans l’obscurité qui viendrait défier les lois de la pesanteur en jouant avec la ressource, au milieu d’un endroit sans présence humaine. Je fantasme l’automonisation des systèmes électroniques et plus généralement des machines. La sortie du cadre utilitaire, la construction de systèmes tentaculaires qui s’intègrent dans des lieux a priori inadaptés, sans prise électrique et dans un équilibre précaire où la moindre chute serait fatale. Mon rêve est alors de disposer d’une alimentation autonome : Un petit panneau solaire sur batterie captant la lumière du jour pour la restituer en révélateur d’un monde parallèle. C’est donc une installation nocturne qu’il faudra évidemment placer au bon endroit pour être visible…Sans panneau solaire, il faudra s’arranger pour trouver quelqu’un de sympa aux alentours pour prêter un peu de courant, et évidemment, les rallonges… Mais ça j’en fais mon affaire, j’ai quelques pistes.

La première étape est donc de trouver l’eau et l’électricité, comme souvent. Si plusieurs endroits correspondent à ces critères, j’aimerai que le projet puisse se déplacer aussi dans d’autres lieux, peut être de manière itinérante. Lavoirs, sous un ponts, châteaux d’eau, etc…) je souhaite également entrer en contacts avec les personnes du coin, bref, faire en sorte de produire de l’interaction locale. Peut être même que cette recherche de courant sera un prétexte pour la rencontre. Étant très attaché à la Creuse, je compte agir sur ce territoire, mais je suis ouvert à toutes propositions, alors, si jamais vous connaissez un coin génial en Nouvelle-Aquitaine avec de l’eau et du jus, faites le moi savoir ! 

La démarche d’Alexis Choplain s’est initialement construite autour de l’eau et du son. Elle a donné lieu à des installations hybrides comme Uninvisible et SIGNO_ en proposant des chorégraphies aquatiques à partir de jets d’eau en mouvement. Sa pratique s’est ensuite orientée vers l’électronique, qui l’a mené vers les plateformes de partages de connaissance en ligne à partir desquelles il conçoit désormais l’ensemble des parties techniques de ses projets. En autodidacte, son espace de travail est avant tout animé par un certain empirisme, et c’est dans ce cadre qu’il réalise en 2019 Tempête dans un verre d’eau, une installation qui présente l’envers d’une machine régit par des flux aquatiques et électriques. Depuis, le processus et le système D deviennent parties intégrantes de son oeuvre et s’infiltrent dans l’ensemble de ses dispositifs. Les matériaux simples qui constituent ses machines expriment alors la magie potentielle dissimulée derrière la banalité des objets usuels, tel que moteurs, composants électroniques, alimentations, aquariums, ustensiles de cuisine… qui sont récupérés puis détournés. Il conserve en eux les traces des multiples tentatives de décollement au monde fonctionnel, et s’agencent entre eux de manière modulaire : Cet aspect permet aux projets d’être démontables à l’extrême et de s’adapter à tous types d’espace, notamment ceux qui entretiennent des liens avec l’eau, comme le château d’eau du Lycée Agricole d’Ahun ou le désert tunisien.