Tout a commencĂ© en 1993, Ă  l’initiative d’une quinzaine de jeunes artistes bordelais dĂ©sireux de se rĂ©unir pour aĂ©rer leurs pratiques, ouvrir les portes de leurs appartements et ateliers, investir des espaces privĂ©s ou publics, pour refaire et rencontrer le monde dans une ville quelque peu assoupie
 Le principe d’itinĂ©rance alliĂ© Ă  un Ă©parpillement des lieux les amenĂšrent tout naturellement Ă  baptiser l’opĂ©ration aux500diables.

L’idĂ©e d’affrĂ©ter un mĂ©ga-bus Ă  soufflet de la rĂ©gie municipale comme espace mobile de vernissage fit office de dĂ©clencheur. Rendez-vous fut fixĂ© avec le public au dĂ©but d’un mois de novembre glacial et brumeux le long d’une ligne 500D rĂ©partie au grĂ© d’arrĂȘts
 Le bus rapidement bondĂ© parvint mĂȘme Ă  kidnapper par inadvertance quelques usagers distraits. Quant aux visites de certains lieux elles furent mĂ©morables : cent personnes faisant la queue dans une petite impasse et les escaliers de l’immeuble oĂč apprĂ©cier Ă  l’étage une exposition d’appartement
 sous le regard incrĂ©dule du propriĂ©taire des lieux venu en faire visiter un autre.

JosĂ© Manuel Garcia Izquierdo portant son masque marquĂ© des premiers couplets de la chanson « Tout va trĂšs bien madame la marquise » de Ray Ventura, remis avec le journal lors du vernissage — 1995

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AprĂšs prĂšs d’un an d’échanges intensifs, aux500diables est reconduit puissance dix en 1995 et occupera le devant de la scĂšne bordelaise durant prĂšs de deux mois printaniers. Une ligne desservie cette fois-ci par trois mĂ©ga-bus fĂ»t mise en service pour la journĂ©e du vernissage, un samedi 1er avril. PrĂšs d’une cinquantaine de lieux, de l’atelier Ă  l’appartement en passant par des chapelles, un hall de gare, des magasins ou des coins de rue ont constituĂ© un maillage sur toute la ville, prĂ©sentĂ© dans un journal tabloĂŻd gratuit de 24 pages tirĂ© Ă  20 000 exemplaires. L’information est aussi relayĂ©e quotidiennement par 3615 Bordeaux sur les panneaux tĂ©lĂ©matiques en ville. Plus d’une centaine d’artistes, plus seulement locaux, ont Ă©tĂ© de cette aventure, essentiellement auto-produite.

En 1996, changement d’échelle avec un projet de dimensions plus modestes, conçu Ă  l’occasion des 50 ans de l’INRA. Une douzaine d’artistes engagĂšrent une collaboration avec les ingĂ©nieurs agronomes du centre de Villenave-d’Ornon. Les rĂ©sultats de ces rencontres furent exposĂ©s durant un mois au sein du centre, ouvert au public pour l’occasion et donnĂšrent lieu Ă  un catalogue. Cette opĂ©ration, intitulĂ©e Vivaces a reçu le soutien financier de l’INRA et de ses partenaires privĂ©s.

En 1997, Aujourd’hui piscine voit enfin le jour aprĂšs deux ans d’intenses tractations. La quarantaine d’artistes choisie au niveau national sur dossier, plus des Ă©tudiants de l’école des Beaux-arts retenus ont transformĂ© les piscines municipales de Galin et du Grand-Parc Ă  Bordeaux en centres d’art ouverts uniquement aux visiteurs en maillot de bain durant un mois et demi. Toutes les piĂšces exposĂ©es ont Ă©tĂ© conçues spĂ©cifiquement pour l’opĂ©ration, plus deux prĂȘts du Frac Aquitaine Et trois ateliers de pratique artistique furent mis en place dans deux Ă©tablissements jouxtant les piscines. Un catalogue a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© et l’opĂ©ration, initialement prĂ©vue Ă  l’échelle de toutes les piscines de la CommunautĂ© Urbaine de Bordeaux, a reçu le soutien de la quasi totalitĂ© des institutions culturelles publiques de la place.

En 1998, aux500diables prend d’assaut le Carnaval des deux rives, crĂ©Ă© et pilotĂ© par Musiques de Nuit et Rockschool Barbey, en proposant un ambitieux volet arts plastiques. Une Ă©quipe de quinze personnes est constituĂ©e, comprenant des membres de Bruit du Frigo. Elle va durant deux mois sensibiliser et impliquer plus de vingt-cinq structures d’animation et leurs publics respectifs sur l’ensemble de la CommunautĂ© Urbaine de Bordeaux, de la confection de costumes et accessoires Ă  l’élaboration de chars atypiques et d’un monsieur Carnaval dĂ©coupĂ© en autant de morceaux que de structures impliquĂ©es dans sa construction pour un assemblage-surprise final suivi de sa crĂ©mation place de la ComĂ©die en face du Grand-ThĂ©Ăątre, repensĂ© la structure du dĂ©filĂ©, sans oublier le lancement en amont de rumeurs et autres actions de contamination auprĂšs du grand public. Le succĂšs fut Ă©norme et populaire.

La mĂȘme annĂ©e vit se succĂ©der Entre chien et loup, petite exposition Ă  trois en appartement, puis CinĂ©move, une soirĂ©e proposant une sĂ©lection d’une dizaine de films expĂ©rimentaux de 1915 Ă  nos jours, mis en scĂšne et projetĂ©s par les associations Chercheurs d’ombre et Light-Cone dans les espaces intĂ©rieurs et extĂ©rieurs du TNT manufacture de chaussures, au moyen de projecteurs d’époque. Enfin, l’exposition Paysages, conçue Ă  l’occasion des journĂ©es Ă©ponymes Ă  l’invitation de l’agence O tempora, rĂ©unit une dizaine d’artistes dans la halle des Chartrons de Bordeaux.

Ravis et Ă©puisĂ©s, aux500diables plongea alors dans un profond sommeil…