Pascal Daudon
Depuis quelques années, mon territoire landais, celui de mon enfance, redevient celui que j’ai besoin de retrouver. Parti comme beaucoup à Bordeaux pour y suivre l’enseignement de l’Ecole des Beaux Arts, et surtout pour trouver mon chemin de jeune humain en construction, option Art. 38 ans plus tard, je suis toujours là, je ne me voyais pas être jeune artiste plasticien à Mont de Marsan, ville que j’avais plutôt éloigné de ma vie pour survivre. Aquitain, je suis, beaucoup de projets, de rencontres, même amoureuses, m’ont permi d’entretenir une connaissance des lieux et de leurs habitants, de tisser des liens avec ce territoire dans ce que j’aime faire, créer et animer des ateliers.
Je n’ai jamais coupé le fil avec mon territoire de naissance, j’y ai même souvent créé dans les musées landais où j’ai été en résidence, de nombreuses pièces y sont collectionnées, beaucoup d’ateliers y ont été réalisés.
Depuis 9 ans, les allers/retours en train font parti de ma vie normale, comme un équilibre, ma vie amoureuse y est pour beaucoup. J’ai toujours pensé revenir habiter dans les Landes, jusqu’à provoquer des projets artistiques dans ce territoire que j’aime à différents niveaux.
Et soudain, il y a eu le COVID 19, cette sale affaire. J’étais à Montaut, ce petit village charmant de Chalosse où je prends mes marques depuis un bon moment, jusqu’à y montrer mon travail plastique chez des amis, être invité en résidence d’artiste pour y créer une série, et me retrouver à y exposer dès le 15 juillet aux Incartades avec 4 autres artistes.
Pour chaque exposition je crée de nouvelles pièces pour l’occasion, mon nouvel atelier montalde est né dès février, et petit à petit j’ai amené le matériel nécessaire et de quoi nourrir mon univers.
L’exposition souhaitée, chez l’habitant “ Sous les murs…la forêt “ était bien prête pour le jour prévu, le 14 mars. Beau vernissage malgré la distance nouvelle à respecter, ventes, promesse d’une belle expo dans un petit village de 650 habitants, découverte de mon univers à ces personnes que je croise depuis des années, joie…
MAIS, dès le lendemain nous savions déjà, une poignée de visiteurs perturbés, CONFINEMENT = SUSPENSION DE L’EXPOSITION, absurdité. Ouvrir sa fenêtre, regarder à droite, voir la maison où mes oeuvres sont installées, interdiction d’y aller, interdiction de montrer. J’ai écrit, fait un jardin potager et créé de nouvelles pièces, la résistance ça me connait, j’ai des réserves en tout. J’utilise l’ombre portée prélevée pour créer, là je n’ai plus le droit de m’approcher de l’autre, quel qu’il soit, sauf ma compagne. Nous sommes déconfinés et ma résidence est toujours à l’ordre du jour. Je voulais prélever les profils d’habitants du village (les montaldes), impossible, pas de m’approcher, rebondir, autre idée, utiliser la photo, trouver des binomes ayant été en confinement, face à face, nez à nez, projetter, dessiner, graver, couleurs… adaptation au milieu.
Je montrerai cette série spéciale de binomes montaldes végétalisés dès le 15 juillet jusqu’à fin aout aux INCARTADES pour la 13 édition, à Montaut, en Chalosse, avec d’autres pièces dont certaines faites pour l’occasion pendant le confinement. La vie continue et mes légumes poussent.