VĂ©ronique Lamare
DĂ©placer des jardins
Il sâagit dâune proposition entamĂ©e en 2019 et qui va se dĂ©velopper au long cours, au fur et Ă mesure des chemins empruntĂ©s. Un premier temps a consistĂ© Ă amorcer la rĂ©alisation de ma matiĂšre premiĂšre : des tapis-jardins-mobiles, Ă partir de laine rĂ©cupĂ©rĂ©e et dâĂ©lĂ©ments vĂ©gĂ©taux. Un second va se dĂ©ployer sous forme de dĂ©placements, de performances, dans le milieu urbain et sa pĂ©riphĂ©rie.
Parcourir la ville et sa pĂ©riphĂ©rie au rythme et Ă lâĂ©chelle du corps. Progresser dans la matiĂšre urbaine suivant un cheminement autre que les voies dĂ©jĂ tracĂ©es, les circulations imposĂ©es, qui nous donnent Ă voir un paysage choisi et maĂźtrisĂ©. Inventer mes propres dĂ©placements en me laissant guider par le regard. Traverser les espaces en mouvements au cĆur et aux frontiĂšres des villes, reconquis un temps par la nature, comme autant de poches de rĂ©sistance, en emportant avec moi ces tapis-jardins. Convoquer cette part dâhistoire symbolique des tapis et jardins mĂȘlĂ©s. Des jardins imaginaires qui transportent en eux-mĂȘmes, sâagrippant Ă leurs fibres, un peu de la diversitĂ© du vivant, tout comme nos semelles transportent un peu de terre dâun terrain Ă lâautre.
Participer de cette façon Ă cet essaimage du Tiers paysage, en rĂ©fĂ©rence Ă Gilles ClĂ©ment, et alimenter ces poches de rĂ©sistance Ă lâĂ©chelle du corps en marche.
Des dĂ©placements seront effectuĂ©s pendant lâĂ©tĂ© Ă Bordeaux et en pĂ©riphĂ©rie⊠et ailleurs sans doute. Ils seront annoncĂ©s quelques jours avant pour permettre Ă ceux qui le dĂ©sirent de mâaccompagner un temps, ou me rejoindre en des points de rendez-vous prĂ©cis le temps de pause et dâexpĂ©rimentations ensemble.
Un corps qui se construit Ă travers sa confrontation Ă la matiĂšre, Ă lâespace, par accumulation dâexpĂ©riences tout entier mobilisĂ© par lâeffort. Une mise en travail par gestes, mouvements, dĂ©placements qui conduisent Ă des changements dâĂ©tats. PrĂ©lever des Ă©lĂ©ments, les dĂ©placer, les rapporter dans mon propre champ dâexpĂ©rimentation et opĂ©rer des modifications de matiĂšre, de poids, de densitĂ©. Ces Ă©lĂ©ments prĂ©levĂ©s, dĂ©tournĂ©s, appellent alors de nouveaux gestes, de nouvelles propositions performatives.
Cette recherche personnelle ne convoque pas le spectateur sur le mode du spectaculaire. Lâattention est davantage portĂ©e au processus. LâĂ©nergie engagĂ©e qui sous-tend le travail induit un changement physique, duquel dĂ©coule une modification de mon Ă©tat de disponibilitĂ© et de porositĂ© Ă ce qui mâentoure. Chaque piĂšce, chaque proposition nâest possible que parce que celle dâavant a eu lieu comme autant de strates qui contribuent Ă lâĂ©laboration dâune Ćuvre Ă©largie Ă une multitude de formes.